
Lutter contre la transmisogynie et résoudre les lacunes des services afin que les femmes trans (plus particulièrement) reçoivent le soutien nécessaire lorsqu’elles sont victimes de violence fondée sur le genre.
LE DÉFI :
La transphobie est une discrimination et une attitude négative envers l’expression de genre des personnes trans. La misogynie est la haine et le dénigrement des femmes et des caractéristiques jugées féminines. La conviction est que la féminité est considérée comme inférieure à la masculinité et nécessite une protection patriarcale.
La transmisogynie est la confluence de ces éléments : des attitudes négatives qui s’expriment par la haine culturelle, la violence individuelle et étatique et la discrimination à l’égard des femmes trans et des personnes trans ou de genre non conforme dans le spectre féminin des genres.
La transmisogynie est profondément ancrée dans notre culture, et des systèmes comme le gouvernement, les soins de santé et le système de justice pénale sont particulièrement violents envers les personnes dans un corps de femme trans. En bref, les femmes trans subissent la misogynie de la part de la société, mais se voient refuser l’accès à la féminité, et sont ensuite punies en tant qu’« hommes à caractère transgressif ».
- Les personnes transféminines et les personnes transféminines de couleur courent un risque plus élevé de victimisation ou de violence sexuelle.
- Les personnes transféminines sont également confrontées à davantage de stigmatisation et de discrimination lorsqu’elles cherchent à obtenir de l’aide auprès des services de consommation de substances, de santé mentale, des centres de crise, des refuges et d’autres établissements de soins de santé. Les études montrent qu’il y a souvent un manque d’intervention du personnel dans les situations de harcèlement.
- La discrimination liée à l’identité de genre, au même titre que la discrimination liée à l’expression de genre, est fortement présente dans les services de santé et de logement séparés selon le genre. Par exemple, cela peut signifier exiger des femmes trans qu’elles se conforment à la définition d’expression de genre féminin typique (« passing » ou « cispassing »).
- L’exclusion de la masculinité, ou des traits considérés comme masculins, marginalise les femmes trans. Même les espaces réservés aux « femmes et personnes non binaires » ou aux « femmes et personnes de diverses identités de genre » impliquent que les personnes considérées comme masculines ne sont pas les bienvenues. Ces espaces ne sont donc pas sûrs pour les hommes trans qui « passent » pour des hommes cis, pour les personnes non binaires assignées hommes à la naissance, ni pour les femmes trans.
- Ironiquement, les femmes trans les plus « visiblement » trans sont aussi les plus susceptibles d’être victimes de harcèlement, de discrimination et de transphobie, ce qui signifie qu’elles ont davantage besoin de services de soutien, MAIS elles doivent également surmonter davantage d’obstacles pour y accéder.
CE QUI DOIT SE FAIRE :
Il faut lutter contre les préjugés et les stéréotypes sociétaux qui dépeignent les personnes transféminines comme étant suspectes, trompeuses, violentes, hypersexualisées ou toute autre caractéristique négative, et y mettre fin. Les efforts pour lutter contre la violence fondée sur le genre, et l’accès à des espaces sécuritaires, doivent reposer sur des comportements et des actions, et non sur des caractéristiques physiques.
Nous demandons au gouvernement et à notre communauté de faire mieux connaître et comprendre les enjeux, les obstacles et les défis des personnes trans, de cerner les lacunes des services offerts aux femmes trans qui tentent d’échapper à la violence (notamment en ce qui concerne l’accès aux refuges et aux centres pour femmes, aux services de counselling et à d’autres ressources) et de collaborer avec des partenaires pour combler ces lacunes afin que les personnes trans puissent avoir accès au soutien dont elles ont besoin.
QUE POUVEZ-VOUS FAIRE?
- Si vous fournissez des services ou des espaces pour les femmes, assurez-vous qu’ils ne sont pas ouverts aux femmes trans uniquement à la condition qu’elles « passent » pour des personnes cis, car ce n’est pas quelque chose que toutes les femmes trans veulent ou peuvent atteindre, et cela devrait demeurer leur choix. Les cheveux, les organes génitaux, les types de corps, la voix, et les autres traits ne sont pas des traits sexués.
- Renseignez-vous sur l’histoire des femmes trans de couleur à l’origine du mouvement pour les droits des personnes homosexuelles dans les années 60, et sur la manière dont les personnes transféminines ont été exclues des espaces gais, lesbiens et féministes. Faites preuve d’audace dans votre appui et votre solidarité à l’égard de la communauté trans et opposez-vous au aux fausses équivalences et au principe de faux équilibre (« both-sidesing »), qui favorisent la propagation de la désinformation.
- Appuyez la décriminalisation du travail du sexe et des conditions de travail sûres pour les personnes qui travaillent dans ce secteur. La discrimination dans l’emploi et d’autres facteurs sociaux poussent souvent les personnes transgenres à se tourner vers le travail du sexe comme moyen de subsistance.
- Favorisez la compréhension d’une sécurité communautaire et d’une prévention de la violence fondée sur le genre qui ne reposent pas sur le renforcement des services de police et des prisons. Parce que les personnes trans, en particulier les femmes trans de couleur et les personnes trans immigrées sans papiers, sont surreprésentées dans la profession du travail du sexe, elles sont fréquemment visées par les lois qui criminalisent la prostitution et les délits connexes. Les prisons et les services de police sont des lieux où se produit de la violence fondée sur le genre vis-à-vis des personnes de tous les genres. Or, les personnes transféminines étant souvent poussées à recourir à des stratégies de survie plus criminalisées; les personnes transféminines étant traitées avec suspicion et mépris par transmisogynie; et la nature ségrégationniste des prisons étant ce qu’elle est, les femmes trans subissent des violences carcérales et policières de manière disproportionnée.